Les rebelles du M23 contrôlent encore une autre localité. Pourquoi l’armée congolaise n’avance-t-elle plus ? Pourquoi le M23 gagne-t-il du terrain si rapidement ?
Les rebelles du M23 contrôlent la localité de Kanune
Notre actualité provient du site d’informations en ligne Actualité.cd. Depuis ce jeudi 19 décembre, les rebelles du M23 ont pris le contrôle de la localité de Kanune, située dans le groupement Ikobo (territoire de Walikale), au Nord-Kivu. Kanune se trouve à 12 kilomètres de Buleusa, une cité conquise par les rebelles depuis mardi dernier, après plusieurs jours d’intenses combats avec les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
« Kanune est sur la route qui ravitaillait les FARDC, c’est là où l’armée s’est repliée. Le M23 veut peut-être rejoindre le groupe présent à Matembe (Lubero), car Kanune donne aussi sur Alimbongo. Mais à partir de Kanune, les rebelles pourraient également traverser la forêt pour déboucher à Pinga, bien que pour l’instant, rien n’est certain », a confié un acteur de la société civile sous anonymat.
Par ailleurs, une autre source locale explique :
« Lors des affrontements à Buleusa, les wazalendo (milices locales) s’étaient retirés à Kanune pour se réorganiser. Malheureusement, ce matin, les rebelles du M23 les ont surpris, et ils n’ont pas pu résister. Kanune est une route stratégique qui mène vers Pinga. »
Après avoir conquis Matembe, Vutsorovya, Mambasa et Alimbongo, le M23 contrôle désormais Mbingi depuis mercredi soir. Mbingi, chef-lieu de la chefferie de Batangi, est un carrefour stratégique ouvrant la voie vers Walikale via Buleusa, vers Bunyatenge (une région aurifère) et vers Lubero-centre via Kasugho.
Pourquoi l’armée congolaise (FARDC) ne parvient-elle pas à avancer ?
La situation sur le terrain reste instable. Les lignes de front peuvent changer rapidement : parfois elles tombent, parfois elles gagnent de l’espace. L’armée congolaise n’avance plus pour le moment, car elle bat en retraite afin de mieux s’organiser pour une contre-offensive. Mais il est évident que le M23 gagne davantage de terrain.
Qu’est-ce qui arrive à nos troupes ?
Le M23 se sent renforcé, surtout après l’échec du processus de paix initié en Angola. De plus, la présence persistante des forces militaires rwandaises dans la région semble leur donner encore plus de motivation pour avancer.
Cela dit, il serait injuste de blâmer directement les FARDC pour ces pertes de territoires. En effet, elles peuvent adopter des « replis stratégiques » pour éviter des pertes inutiles en hommes ou en ressources, surtout lorsqu’elles se sentent en position de faiblesse.
Y a-t-il un problème de stratégie militaire ou de manque de ressources ?
L’un des principaux défis auxquels les FARDC font face est le manque de technologies modernes capables de neutraliser l’ennemi efficacement. Malgré cela, nos forces loyales font preuve de courage en se battant avec les moyens limités dont elles disposent. Félicitations à elles pour leur résilience dans ces conditions difficiles.
Avec des drones de surveillance, des satellites militaires et des équipements modernes, la RDC pourrait considérablement améliorer sa capacité à contrer les rebellions. Si ces outils étaient disponibles et utilisés efficacement, il ne serait plus question de voir des groupes armés avancer aussi rapidement.
Un bon équipement renforce aussi la motivation des troupes.
Bien que des stratégies soient mises en place, leur accompagnement est souvent insuffisant. Un matériel adéquat et moderne ne se contente pas d’améliorer les performances sur le terrain : il motive aussi les soldats à s’engager pleinement dans les combats.
Existe-t-il une coordination entre les FARDC, les wazalendo et les autorités civiles ?
C’est un véritable problème, surtout lorsqu’on apprend que des affrontements ont éclaté récemment entre les wazalendo (groupes d’autodéfense locaux) et l’armée congolaise (FARDC), causant la mort de 4 personnes.
Les autorités compétentes doivent intervenir pour clarifier et réguler le rôle des wazalendo. Il est impératif de déterminer s’ils opèrent comme un groupe indépendant, un groupe rebelle ou simplement une extension de la population civile armée pour se défendre.
Si cette situation n’est pas maîtrisée rapidement, il y a un risque sérieux que les miliciens wazalendo deviennent, dans quelques années, une nouvelle branche rebelle. Cela représenterait une menace supplémentaire pour la sécurité de l’Est de la RDC. L’État congolais doit agir maintenant pour éviter que ce groupe ne se transforme en danger permanent.
Pourquoi le M23 avance-t-il aussi rapidement ?
Pour comprendre l’avancée rapide du M23, l’armée congolaise doit mener des enquêtes internes pour identifier les failles qui empêchent une réponse efficace.
« Pour affaiblir une armée, le plus efficace est de le faire de l’intérieur. »
Le M23 est fortement armé et stratégiquement organisé. En plus de leur connaissance approfondie du terrain (car beaucoup de leurs membres sont d’origine congolaise), plusieurs d’entre eux ont déjà servi dans l’armée nationale lors du processus de brassage. Cela leur donne un avantage important en matière de tactiques et de logistique.
Par ailleurs, leur alliance avec d’autres groupes, comme l’AFC de Corneille Nangaa, renforce leur capacité à déstabiliser non seulement les FARDC, mais aussi le pouvoir en place. La RDC doit concentrer toute son attention sur cette menace grandissante.
Les défis internes des FARDC : les soldats sont-ils toujours aptes ?
Lorsqu’un soldat est déployé trop longtemps au même endroit, cela peut entraîner une forme de lassitude. L’énergie et la motivation diminuent, surtout si le salaire ou les conditions de vie ne sont pas satisfaisants.
La morale joue un rôle crucial dans les performances militaires. Un soldat démotivé ou frustré sera moins efficace au combat. L’incident récent ayant opposé les wazalendo à des militaires, causant 4 morts, est un signe alarmant que la morale des troupes est au plus bas.
Ce manque de motivation profite directement aux rebelles du M23, qui exploitent chaque faiblesse de l’armée pour avancer rapidement et conquérir de nouveaux territoires.
Que faire pour inverser la tendance ?
Renforcer la coordination entre les FARDC, les wazalendo et les autorités civiles : Une meilleure communication et un cadre clair pour les rôles de chaque acteur sont nécessaires.
Investir dans le bien-être des soldats : Une augmentation des salaires, une meilleure logistique et des rotations régulières pourraient redonner espoir et motivation aux troupes.
Équiper les FARDC avec des technologies modernes : Drones, satellites militaires et équipements sophistiqués sont essentiels pour contrer une rébellion organisée comme le M23. Mener des enquêtes internes : Identifier et résoudre les failles dans la chaîne de commandement et la logistique militaire pour mieux préparer l’armée aux défis à venir. La RDC doit agir vite et avec détermination pour restaurer la stabilité et empêcher que de nouveaux groupes rebelles n’émergent dans les années à venir.
Quels moyens pour contrer les attaques du M23 ?
En prenant Kanune, le M23 s’est positionné stratégiquement pour attaquer d’autres bases, notamment celle située à quelques kilomètres à Pinga. Cependant, ils n’ont pas encore réussi cette opération, ce qui montre que des opportunités de riposte existent. L’armée congolaise (FARDC) doit impérativement se ressaisir pour défendre les territoires qu’elle contrôle encore et préparer des contre-offensives afin de récupérer les zones perdues.
En attendant que le front diplomatique aboutisse à des solutions concrètes, après l’échec du processus de paix en Angola, les FARDC ont l’obligation de :
Renforcer leurs troupes sur le terrain. Optimiser leurs stratégies militaires pour bloquer l’avancée du M23. Mieux équiper les soldats, tant sur le plan logistique que technologique, pour améliorer leur efficacité.
Conclusion
Il est extrêmement difficile de contrôler tous les territoires face à un groupe rebelle composé d’anciens membres de votre propre armée et soutenu par des forces extérieures motivées par des intérêts économiques.
Cependant, avec l’unité et une meilleure coordination, il est certain que les FARDC parviendront à reconquérir les terres occupées. La RDC retrouvera ses frontières de 1960, mais cela nécessite des efforts soutenus sur les fronts militaire, diplomatique et logistique.