Depuis plus d’une décennie, des millions de personnes meurent au Congo dans l’indifférence générale. Personne n’en parle sérieusement !
Depuis plus d’une décennie, les groupes rebelles se multiplient à l’Est de la RDC, et aucune mesure concrète d’aide de la part des Nations Unies n’a été prise. Dans cette vidéo, nous retraçons une brève histoire de ce qui se passe réellement à l’Est du Congo.
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Historique du conflit
Nous en parlons aujourd’hui, mais ce conflit trouve ses origines dans les années 90. Tout a commencé après le génocide au Rwanda en 1994.
Après cette tragédie, des milliers de réfugiés Tutsis ont fui vers l’Est de la RDC pour échapper au massacre, alors que Paul Kagame prenait le pouvoir au Rwanda. Ce dernier est aujourd’hui accusé de soutenir certains groupes rebelles.
Au fil des années, la cohabitation entre ces réfugiés et la population locale devient difficile. Les anciens génocidaires, majoritairement Hutus, s’en prennent aux populations Tutsies vivant en RDC. En réponse, Paul Kagame arme les Tutsis du Congo pour se défendre.
Face à ce climat de tension, le gouvernement du Zaïre décide de chasser les Tutsis du territoire. C’est alors que Laurent-Désiré Kabila, avec le soutien du Rwanda et de l’Ouganda, fonde l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo), un groupe rebelle opposé au régime de Mobutu. Profitant de la maladie de ce dernier et de l’abandon de ses alliés occidentaux, Kabila renverse Mobutu et prend le pouvoir en 1997.
Cependant, dès son arrivée au pouvoir, Laurent-Désiré Kabila rompt son alliance avec le Rwanda et l’Ouganda, demandant à leurs troupes de quitter le pays. Cette rupture entraîne une rébellion des Tutsis présents dans l’armée congolaise, qui forment le groupe rebelle RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie). Avec le soutien militaire du Rwanda et de l’Ouganda, frustrés par leur expulsion, ces rebelles prennent rapidement les villes de Goma, Uvira et Bukavu. En 2001, Laurent-Désiré Kabila est assassiné.
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L’arrivée de Joseph Kabila et l’aggravation du conflit
Avec l’arrivée de Joseph Kabila au pouvoir, la situation à l’Est du pays se détériore davantage. De nombreux groupes rebelles émergent et s’affrontent, rendant la région encore plus instable.
En réponse à cette crise, Joseph Kabila signe un accord de paix avec le RCD en 2002. Certains membres du groupe rebelle sont intégrés à l’armée nationale. Dans le cadre de cet accord, le Rwanda retire environ 20 000 de ses soldats du territoire congolais, et l’Ouganda fait de même. Ces négociations se poursuivent jusqu’en 2003, mais malgré ces efforts, le conflit persiste, et d’autres groupes rebelles continuent d’apparaître.
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Acteurs Principaux
Depuis le début du conflit, des centaines de groupes rebelles ont émergé à l’Est de la RDC. Certains se dissolvent, tandis que d’autres se reforment sous de nouveaux noms. Voici un aperçu des acteurs principaux qui ont marqué cette crise.
FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda)
Le FDLR est un groupe armé composé majoritairement de Hutus rwandais ayant fui le Rwanda après le génocide de 1994. Ces membres, opposés au régime de Paul Kagame, se sont installés à l’Est du Congo, où ils restent actifs. Ils sont accusés de violences contre les populations locales, aggravant le chaos dans la région.
RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie) et Laurent Nkunda
Laurent Nkunda, un acteur clé du conflit, était initialement un colonel proche de Laurent-Désiré Kabila, participant à la chute de Mobutu. Après la deuxième guerre du Congo, il rejoint l’armée congolaise. Cependant, il se rebelle contre le régime de Joseph Kabila et fonde le RCD-Goma, un groupe armé actif dans les territoires de Masisi et Rutshuru.
Son objectif principal était de défendre la minorité Tutsi contre les attaques des Hutus revenant du Rwanda. En 2009, après que Joseph Kabila a signé un accord avec Paul Kagame, Nkunda perd en puissance et est arrêté alors qu’il tentait de se rendre au Rwanda.
M23 (Mouvement du 23 Mars)
Après l’arrestation de Laurent Nkunda, un accord de paix est signé le 23 mars 2009 entre le gouvernement congolais et le CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple). Cet accord prévoyait l’intégration des rebelles dans l’armée congolaise et la libération des membres capturés.
Cependant, en 2012, le groupe renaît sous le nom de « M23 », accusant le gouvernement de ne pas respecter les accords signés et dénonçant la tricherie lors des élections présidentielles de 2011. Les rebelles, issus de l’armée régulière, s’emparent de territoires stratégiques comme Rutshuru et mènent des offensives meurtrières près de Goma, causant des milliers de morts.
Malgré plusieurs tentatives de paix, notamment en 2013 sous l’impulsion de 11 pays africains, les combats se poursuivent. La RDC, avec l’appui de pays comme la Tanzanie, l’Afrique du Sud et le Malawi, lance une offensive contre le M23. Cette opération militaire, dirigée par le colonel Mamadou Ndala, affaiblit considérablement le groupe. Malheureusement, le colonel est assassiné le 2 janvier 2014.
En décembre 2013, le M23 accepte de négocier un cessez-le-feu avec le soutien du président kenyan Uhuru Kenyatta. Pourtant, en 2017, des éléments du groupe reprennent les combats. Aujourd’hui, le M23 reste actif, contribuant à la crise humanitaire dans la région, avec près de 3 millions de personnes déplacées, dont une majorité de femmes et d’enfants.
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Ressources Naturelles
Au cœur du conflit à l’Est de la RDC se trouvent les ressources naturelles. Ce territoire, ayant Goma comme capitale régionale, regorge de minerais précieux tels que le coltan, l’or, et l’étain. Ces ressources, essentielles à l’industrie mondiale, attirent non seulement des entreprises minières internationales et nationales, mais aussi des groupes rebelles qui se battent pour contrôler ces zones.
La richesse en minerais ne profite pas à la population locale, mais sert souvent à financer les activités illégales de ces groupes armés. En échange de l’exploitation de ces ressources, certains rebelles obtiennent un soutien logistique et militaire, prolongeant ainsi le cycle de violence.
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Conséquences Humanitaires
Le conflit à l’Est de la RDC a engendré des conséquences humanitaires catastrophiques :
Déplacement massif de populations : Selon les Nations Unies, plus de 7 millions de personnes ont été déplacées depuis le début des violences. Ces familles fuient leurs maisons pour échapper aux combats, souvent sans garantie de trouver sécurité ou aide.
Crise alimentaire et sanitaire : L’acheminement de nourriture, d’eau potable et de médicaments est devenu extrêmement difficile dans les zones touchées par la guerre. Cette situation aggrave les taux de famine et de mortalité liés au manque de soins.
Violences sur les civils : Les rebelles s’illustrent par des actes de pillage, de viols, de massacres et d’attaques contre des convois humanitaires. Ces actes de barbarie sèment la terreur et accentuent la souffrance des populations locales. Depuis 2004, on estime que près de 100 000 femmes ont été victimes de viols dans la région du Nord-Kivu.
Les conséquences humanitaires de ce conflit sont immenses et nécessitent une intervention internationale urgente pour réduire la souffrance des populations touchées.
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Rôles des Pays Voisins
Contrairement à ce que l’on observe dans de nombreuses régions du monde, les pays voisins de la RDC ne jouent pas un rôle de soutien pacifique pour résoudre le conflit. Au contraire, ils sont souvent accusés de contribuer à l’instabilité.
Le gouvernement congolais accuse régulièrement le Rwanda de soutenir activement les groupes rebelles à l’Est. En 2023, des drones de surveillance auraient détecté des colonnes de soldats rwandais traversant la frontière pour renforcer les rebelles.
En 2024, les États-Unis ont condamné les actions présumées du Rwanda. Cependant, ces déclarations diplomatiques suffisent-elles ? La communauté internationale semble réticente à soutenir concrètement le gouvernement congolais pour rétablir la paix et la stabilité.
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Économie de Guerre
Dans chaque conflit, il existe toujours une « économie de guerre », un système dans lequel certaines parties tirent profit de la situation, souvent au détriment des populations civiles. Le conflit en RDC ne fait pas exception.
Les ressources minières de l’Est de la RDC, telles que le coltan, l’or, et le tantale, alimentent cette économie de guerre. Ces minerais sont essentiels à la fabrication d’appareils électroniques, ce qui attire des entreprises internationales.
Selon un rapport de l’agence Reuters, des entreprises comme Apple ont été citées comme potentielles utilisatrices de minerais issus de zones de conflit. Bien que ces accusations aient été démenties par la société, elles posent une question cruciale : comment ces ressources, censées être soumises à des régulations, finissent-elles sur le marché mondial ?
Les rebelles du M23, par exemple, disposent de milliers de combattants. Pour maintenir une telle force, il leur faut des armes, des provisions, et une organisation logistique fiable. Les principales questions demeurent :
Qui leur fournit ces armes sophistiquées ? Quels réseaux leur permettent de commercialiser les minerais qu’ils extraient illégalement ? Quels sont les acteurs nationaux et internationaux impliqués, volontairement ou non, dans cette économie de guerre ?
Des enquêtes internationales sur ces flux financiers et logistiques sont limitées, bien que des organisations comme Amnesty International dénoncent régulièrement des « crimes de guerre ». Cependant, sans action concrète ni sanctions ciblées, cette économie de guerre continue de prospérer.